Œuvres d'¨¦l¨¨ves du Coll¨¨ge ¨¦lite f¨ºte ses dix ans Un ¨¦t¨¦ d¡¯apprentissage: utile, sans contredit par Jennie L. Zhang, Coll¨¨ge ¨¦lite. 15 ans, 2014 |
¡¡¡¡Existe-t-il vraiment des choses inutiles? Le Coll¨¨ge ¨¦lite a su r¨¦pondre ¨¤ cette question m¨¦taphysique de la mani¨¨re la plus paradoxale : les choses qui peuvent sembler les plus inutiles au premier regard peuvent ¨ºtre celles qui s¡¯av¨¦reront les plus utiles. ¡¡¡¡Mon ¨¦ducation au Coll¨¨ge ¨¦lite n¡¯a pas toujours ¨¦t¨¦ facile. Prenez par exemple mes cours de pr¨¦paration pour mes examens d¡¯admission au secondaire. Beaucoup comprendront. J¡¯ai d? me lever aux environs de 7h30 durant les belles matin¨¦es d¡¯¨¦t¨¦, o¨´ les oiseaux gazouillant de gaiet¨¦ ne s¡¯¨¦taient encore point r¨¦veill¨¦s, pour aller ¨¤ une institution scolaire dans laquelle je devais passer mes journ¨¦es ¨¤ apprendre. Certains diront que j¡¯avais de la chance d¡¯¨ºtre l¨¤, mais comment expliquer ¨¤ une enfant de douze ans cette opportunit¨¦ singuli¨¨re? Que comprenais-je sur l¡¯utilit¨¦ de suivre des cours durant un ¨¦t¨¦ cuisant o¨´ mon unique d¨¦sir aurait ¨¦t¨¦ tout sauf? ¡¡¡¡Je m¡¯en ¨¦tais plaint, bien s?r, mes sens de philosophie et de sagesse encore ¨¤ l¡¯¨¦veil, mais aujourd'hui, je comprends que cela m¡¯a grandement aid¨¦ pour me pr¨¦parer ¨¤ mon avenir. Se lever t?t, chaque matin, pourrait sembler insignifiant, mais cela m¡¯incitait ¨¤ devenir une femme plus endurante aux obstacles dans la vie, et ¨¤ me pr¨¦parer davantage pour mon secondaire ¨¤ venir, chose jadis terrifiante ¨¤ mes yeux. ¡¡¡¡Plus tard, les cours d¨¦butaient. J¡¯ai d? faire face ¨¤ tout ce ¨¤ quoi je ne m¡¯¨¦tais pas pr¨¦par¨¦, du moins, ¨¤ ce que ma petite ¨¦cole primaire publique ne m¡¯avait pas appris. Cela allait d¡¯une aptitude surhumaine (du moins pour une jeune gamine) de retenir abondamment de l¡¯information, ¨¤ une capacit¨¦ de po?kilotherme de s¡¯adapter ¨¤ toutes sortes de situations diff¨¦rentes. Les professeurs nous inondaient avec la th¨¦orie, et m¨ºme l¡¯esprit le plus surdou¨¦ n¡¯aurait pu tout retenir. ¡¡¡¡Les examens revenaient sans cesse, les questions portaient confusion (sans oublier que les choix de r¨¦ponses ¨¦taient encore plus n¨¦buleux) et les productions ¨¦crites ¨¦taient exigeantes. J¡¯ai compris que d¨¦sormais, le monde ne sera plus en noir et en blanc, et que pour toucher ¨¤ mes r¨ºves, je devrais sans cesse ¨¦lever mes standards personnels de la r¨¦ussite et de l¡¯excellence. ¡¡¡¡Or, cette r¨¦alit¨¦ ¨¤ laquelle j¡¯ai d? me confronter a chang¨¦ ma fa?on de percevoir le monde. Je voyais, ¨¤ travers mes jeunes yeux d¡¯enfant, un univers tout nouveau. J¡¯ai eu plus de respect envers ceux qui ¨¦taient plus intelligents que moi (et la quantit¨¦ de personnes r¨¦pondant ¨¤ ce crit¨¨re m¡¯a donn¨¦ un vrai choc, je peux vous le certifier), et pour la premi¨¨re fois dans ma vie, j¡¯ai ambitionn¨¦. ¡¡¡¡J¡¯ai voulu avocate ou m¨¦decin. Bien s?r, avec des parents qui fredonnaient chaque jour sur un ami quiconque dont le fils ou la fille est entr¨¦ ou sorti de la facult¨¦ de droit ou de m¨¦decine ¨¤ McGill, cette ambition ¨¦tait hautement justifi¨¦e. ¡¡¡¡Bien. Plus tard, j¡¯ai d? socialiser. Au Coll¨¨ge ¨¦lite, j'ai rencontr¨¦ certaines personnes singuli¨¨res dont l'intelligence d¨¦passait la mienne en ann¨¦es-lumi¨¨re, mais aussi certaines qui ¨¦taient rapides et brillants, et qui m'ont appris ¨¤ raisonner diff¨¦remment. Je me suis fait des amis avec qui je communique encore aujourd'hui. Ces gens ont ¨¦largi mon cercle de connaissances, et certains fr¨¦quentent aujourd¡¯hui des coll¨¨ges tels que Jean-de-Br¨¦beuf et le Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie. ¡¡¡¡Je suis aussi tomb¨¦e sur des professeurs qui m'ont enseign¨¦ de grandes le?ons de vie. Il y avait ce professeur de fran?ais dont le nom m¡¯¨¦chappe aujourd¡¯hui qui nous a appris, un jour, que l¡¯on doit ¨ºtre pr¨ºt ¨¤ tout donner pour ¨ºtre couronn¨¦ de succ¨¨s. Je me rappelle comme si c¡¯¨¦tait hier. Initialement, je pensais qu'il faisait allusion ¨¤ notre ¨¦t¨¦, o¨´ nous aurions pu nous ¨¦clater dans l¡¯eau claire d¡¯une piscine ou d¡¯une plage. Maintenant, j'ai compris qu'il voulait aussi dire qu¡¯il faut se donner nous-m¨ºme, l'int¨¦grit¨¦ de notre potentiel, la concentrer vers un seul but: satisfaire notre esprit de la connaissance. ¡¡¡¡Finalement, la journ¨¦e terminait. On allait ensuite ¨¤ la biblioth¨¨que. Certains se reposaient, d¡¯autres lisaient. La fatigue se d¨¦celait dans nos yeux. Pourtant, c¡¯¨¦tait une fatigue h¨¦ro?que, la m¨ºme qui se sentirait chez le marathonien ayant fini sa course ou chez l¡¯avocat ayant gagn¨¦ sa guerre. Dans notre ¨¦puisement se d¨¦celaient gloire et fiert¨¦. Nous nous savions plus avanc¨¦s que nos camarades au Mexique, et plus susceptibles de les vaincre durant notre examen d¡¯admission O combien redoutable dans notre esprit. ¡¡¡¡La chaleur et l'humidit¨¦ incommodante, la complexit¨¦ des travaux, le s¨¦rieux des enseignants, et m¨ºme le manque de confort des petites chaises en plastique. De petites choses, certes, mais qui ensemble nous ont rendus plus endurants. Apr¨¨s les huit semaines au Coll¨¨ge ¨¦lite, nous n¡¯¨¦tions plus ces petites cr¨¦atures fragiles et d¨¦licates craignant notre avenir, tel un aveugle craindrait de voir le Soleil, ne sachant ¨¤ quoi s¡¯attendre. Au contraire, nous ¨¦tions devenus forts, puissants, guerriers et guerri¨¨res qui feront face, la t¨ºte relev¨¦e et l¡¯?il brillant, ¨¤ notre lendemain. ¡¡¡¡Nous avions compris, apr¨¨s seulement douze ann¨¦es d¡¯existence, que la vie n¡¯est pas toujours simple. Bien s?r, nous ¨¦tions toujours optimistes, mais nous avions r¨¦alis¨¦ qu¡¯il fallait d¨¦sormais avancer, continuer. Un ¨¦t¨¦ ne serait pas l¡¯objet d¡¯arr¨ºt ¨¤ notre ¨¦ducation. Lentement, mais s?rement, nous devrions aller ¨¤ l'avant, exploiter notre potentiel ¨¤ son maximum, pour ne pas dire davantage, m¨ºme si les autres sont au repos. Nous ¨¦tions plus que de simples objets de procrastination. Voil¨¤. M¨ºme si les yeux d¡¯un enfant percevaient le surplus d¡¯informations qu¡¯il a appris comme inutile, cette parcelle de savoir pourrait ¨ºtre la graine de sa r¨¦ussite dans l'avenir. Ainsi, le Coll¨¨ge ¨¦lite nous a offert, ¨¤ notre insu, la cl¨¦ du succ¨¨s. Pouvons-nous vraiment demander mieux?
|